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Entretien avec Lillicroche

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On ne fait plus des napperons mais du yarnbombing, les robes au crochet haute-couture ont supplanté les capelines de nos grands-mères, décidément le crochet est à la pointe de la créativité, cela grâce à des créateurs, créatrices surtout, qui lui ont insufflé de la fantaisie et des couleurs vives. Lillicroche est l’une d’entre elles. L’oeil malicieux, le fou rire jamais loin, cette Bretonne n’a de cesse de créer des accessoires et des vêtements qui lui ressemblent, gais et colorés.


Bonjour Lillicroche. Depuis quand crochètes-tu et qui t’a appris à crocheter ? As-tu appris à tricoter en même temps ?
C’est ma tante Lili qui m’a appris à crocheter lorsque je devais avoir 6 ans. Même si je ne m’en souviens pas personnellement, j’aime à croire ce que l’on m’a récemment raconté : je me serais fait prendre en flagrant délit par ma maîtresse de CP en train de crocheter sous mon bureau, ce qui m’étonnerait à peine et n’est pas pour me déplaire.
As-tu toujours crocheté ou as-tu abandonné le crochet pendant de nombreuses années comme beaucoup de crocheteuses ?

Je n’ai jamais vraiment arrêté, si ce n’est lors de quelques longs séjours à l’étranger, et encore. Je n’avais pas mon stock de fils et mes magazines avec moi et je n’ai bizarrement pas trop fait les boutiques de laines en Angleterre ou en Autriche (C’est bien dommage d’ailleurs). Je faisais certes un peu figure d’alien auprès de mes amis mais j’ai toujours assumé ma grande passion pour le crochet. Je suis fascinée par ce que l’on peut faire avec juste un crochet et un fil.
Pourquoi préfères-tu la technique du crochet au tricot ?

Parce que mes mailles à l’envers ne sont pas assez serrées et que mon tricot final est irrégulier !!! Je vais commencer par un gros paradoxe : je préfère presque le rendu du tricot (moins compact, plus doux, plus sobre) à celui du crochet. Mais à cause de cette satanée maille à l’envers, le travail au crochet a pris le dessus : les bords ne roulottent pas, je n’ai qu’une maille à gérer à la fois, je vois toutes les autres mailles de façon précise. Dire qu’on avance plus vite au crochet n’est pas forcément un argument ; je ne suis pas sûre que ce soit le cas avec un crochet n° 1,5 ou 1,75 et le fil qui va avec.
J’ai certainement plus crocheté que tricoté et la création au crochet s’est imposée par la force des choses.
Depuis quand crées-tu tes modèles ?

Depuis assez peu en fait. Pendant longtemps, je me sentais complètement incapable de faire autre chose que ce que je pouvais trouver dans les catalogues et les modèles. Je ne choisissais pas forcément le même fil que celui qui était préconisé mais je respectais les instructions et me gardais bien de tout nouveau calcul. Enfant, j’étais plutôt dehors à faire du vélo que des habits à mes poupées.  J’ai l’impression que la création m’a prise d’un coup ! Cela devait être en 2006-2007 avec un petit haut à bretelles en coton (« Ensemble gris » sur Ravelry) et un magazine de points au crochet… le genre d’ouvrages qui m’inspire le plus. Ils sont comme des dictionnaires dont je cherche les mots pour faire des phrases.
Quelles sortes de créations réalises-tu ? Des accessoires, des vêtements ?

Pour le moment et depuis presque un an, je suis beaucoup dans les accessoires, avec des projets de livres finis et à venir. Mais mon grand dada et souvent mes plus grandes satisfactions, ce sont les vêtements auxquels je souhaite me remettre le plus tôt possible.
Quelles sont tes sources d’inspiration ? Est-ce la laine au départ, ou une idée de point, ou autre chose… ?

Au niveau des formes, je pense dans un premier temps aux vêtements et à des détails qui me plaisent, à la mode couture que j’imagine en version laine et crochet, avec des défis techniques à relever. J’aime aussi les coupes un peu rétro.

Je pars souvent d’un fil (d’où l’importance du stock évidemment !) et cherche un point qui va avec au niveau texture et rendu visuel, qui supporte bien tout ce qui est diminution/augmentation et gradation (important pour la rédaction des explications). Ou alors, je tombe amoureuse d’un point et cherche une laine qui puisse le mettre en valeur et une application vestimentaire ou autre.

La formule est simple : un fil + un crochet + tous les livres de points de ma bibliothèque ouverts devant moi = échantillons, que je défais quand il ne me plaisent pas.
Comment naissent tes créations ? Prends-tu des notes quand les idées te viennent ?

Après l’échantillon, je me lance dans le modèle selon mon idée de départ. J’ai la prétention de dire que les idées me viennent comme ça, par rapport à tout ce qui m’entoure. Au tout début, je pensais que la source allait se tarir mais c’est le contraire ! Les idées se bousculent et parfois, je ne sais plus où donner de la tête alors maintenant, je fais des croquis et note mes idées. Actuellement, j’en suis à « Plus d’idées que de temps pour les réaliser ».

L’idée de départ évolue généralement par rapport à la faisabilité de la chose. J’adore en tout cas les finitions qui me permettent de parfaire mon idée de modèle et surtout de le finir ! Je peaufine, fais et redéfais jusqu’à ce que je sois entièrement satisfaite, sans états d’âmes.
Où peut-on trouver tes créations ? (livres, magazines, site, Ravelry ,…)

J’ai commis quelques modèles depuis 2007 mais les explications ne sont pour le moment qu’en langues étrangères, en allemand (mais avec des diagrammes !) dans le magazine Landlust et en anglais dans le magazine Interweave Crochet. Les modèles sont souvent en téléchargement gratuit ; je les ai répertoriées sur mon blog à l’onglet Publications et sur Ravelry (lillicroche).

Cette année, j’ai participé à un livre avec une maison d’édition allemande avec des accessoires tout en granny squares qui sont tout sauf carrés (Granny Squares auf andere Art)… j’espère bien en assurer la traduction et pense ne pas être trop mal placée pour cela J.
Quelles sont tes fils  préférés ?

Les fils en fibres naturelles avec juste quelques rares concessions. J’adore le mélange mohair et soie même s’il n’est pas très facile à travailler pour la création de modèles (il se défait assez mal, les points disparaissent dans les fibres). J’aime aussi beaucoup les laines sèches comme la Holstgarn 100% uld, la Jamieson’s ou les laines des petits producteurs locaux près de chez moi. J’ai un gros faible pour les fils et les couleurs Rowan. Mais je trouve (malheureusement…) mon bonheur un peu partout dans la mesure où les fibres sont naturelles.

En général, c’est la grosseur de mon crochet qui décide : n° 3 / 3,5 grand maximum pour les créations de vêtements d’hiver et n°1,75 à 2,5 pour les fils que l’on porte plus l’été : coton mercerisé et perlé (celui des napperons !!), soie, lin… Je fais tout pour éviter un aspect trop grossier du travail fini tout en gardant une bonne tenue.
Quelles sont les créatrices que tu admires particulièrement ?

Les créatrices crochet se cachent derrière des prénoms dans les catalogues Phildar  (en particulier les « Spécial crochet » qui ne se font plus) mais elles m’accompagnent depuis très longtemps. Mes achats de catalogues ont été rentabilisés et peuvent encore l’être car les modèles me plaisent toujours autant. Les explications sont impeccables avec les diagrammes dans toutes les tailles ! J’aime assez les magazines japonais sans connaître le nom des créatrices. Après, je pioche ici et là lorsque les patrons contiennent des diagrammes dont je suis une inconditionnelle et que j’ai appris à réaliser.

J’aime la profusion et les mélanges chez Facile Cécile, Attic24, la douceur des couleurs chez Emma Lamb.

Cela me désole un peu de voir que Yaguel aux talons aiguilles ait disparu de la toile. J’espère qu’elle nous fera vite profiter de ses nombreux talents cachés… oui, on peut dire que c’est un appel !

Côté tricot, c’est Kate Davies pour les couleurs et la poésie de ses modèles, Ysolda Teague pour sa fraîcheur ainsi que  Jared Flood and Co (Brooklyn Tweed) pour la technicité de ses patrons et les mises en scène photographiques qui me touchent tout simplement.
Quels sont tes projets en ce moment ?

Un nouveau livre d’accessoires que, jamais au grand jamais, je n’aurais pensé faire un jour. Le retour à la création de vêtement, redonner des cours de crochet et puis… le filage, le feutrage de pièces au crochet, la teinture végétale, la couture et le tricot machine pour ne pas avoir à faire de jersey et de mailles envers ! Quelqu’un n’aurait pas quelques heures de temps ou des mains en rab ??? Je suis preneuse.

J’ai deux autres projets collectifs que je garde encore secrets et qui verront le jour en 2013 normalement.
Tu as longtemps vécu en Allemagne, le tricot et le crochet y sont-ils plus présents qu’en France ?

Oui, un peu. Je pense qu’ils y sont restés plus présents lorsqu’ils ont petit à petit disparu chez nous. Après le boom des années 80, on trouvait toujours plus de laine dans les grands magasins en Allemagne alors qu’en France les rayons mercerie avaient été complètement supprimés.

J’ai l’impression que les femmes allemandes ont globalement plus le loisir de tricoter et de crocheter que les Françaises. J’explique cela par le fait qu’elles travaillent souvent plus à temps partiel que les femmes françaises. Et dans les écoles, garçon ou fille, on apprend encore le crochet. Cela aide… ou dégoûte de l’activité à jamais ; mais en tout cas, on sait ce que c’est très tôt.
Tu animes un café crochet à Rennes, parle-nous de ces rencontres.

Oh là là! Il m’a permis de faire la connaissance d’une bande de « joyeuses drilles » que j’ai plaisir à retrouver dans un café du centre-ville. Elles sont toutes multi-talents en plus, avec beaucoup d’adeptes de la couture (qui viennent habillées dans leurs chouettes réalisations).

Nous sommes toutes très pipelettes et globalement pas très efficaces au niveau de la maille. Souvent, on redéfait à la maison ce que l’on a raté la veille au café. Mais comme cela n’a l’air de déranger personne, nous nous retrouvons maintenant deux fois par mois (nous allons bientôt changer de café au centre-ville et je communiquerai le nouveau lieu sur mon blog).

Je lance aussi une autre rencontre en octobre au sud de Rennes, au coin du feu.

Par deux fois, nous avons terminé la saison par une rencontre culinaro-tricotique dans une ancienne ferme. Bref, toutes les occasions sont bonnes pour parler tricot, laines, modèles et plus encore. On découvre beaucoup de choses !

J’ai toujours aimé les activités en groupe (camps, colonies), il y a juste l’activité qui a changé : c’est un peu moins sportif avec le tricot ou crochet… encore que !

Et il y a d’autres rencontres que j’apprécie beaucoup… quand on fait la connaissance « pour de vrai » de celles dont on a fait la connaissance virtuellement, n’est-ce pas Cathe ? J’aime garder l’effet de surprise jusqu’au dernier moment et je ne suis jamais déçue !






 

Dans la série « interview de designers » retrouvez notre précédente rencontre avec IttyBitty.

 

 


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